Comment tracer et suivre son itinéraire de voyage à vélo ?

Question largement débattue sur de multiples blogs. La plupart des outils sont bien adaptés aux déplacements ou aux circuits à la journée. Lorsque l'on veut tracer un itinéraire sûr de plusieurs jours sur 1000 km, il est nécessaire d'utiliser plusieurs applications. Il s'agit ici de vous donner ma recette et non un comparatif complet de toutes les solutions.
Photo Hashtagvoyage
Comme toute solution, celle-ci répond à des exigences. Vous n'aurez probablement pas les mêmes.
  • Planifier son itinéraire
    • X jours avec un projet. La solution serait différente si nous partions sans date de retour
    • Choisir des routes loin du trafic routier, si possible des véloroutes "officielles", des pistes cyclables, des voies vertes
    • Repérer des points d'intérêt sur le parcours
    • Découper l'itinéraire sur plusieurs jours en fonction de la distance, du dénivelé et des campings
  • Suivre l'itinéraire
    • Quelle route prendre à une intersection ?
    • Où est le prochain point d'intérêt ?
    • Être capable de répondre à la question récurrente de ma compagne en cours de journée : que reste-t-il à faire aujourd'hui ? Distance, dénivelé, difficultés à venir, etc. J'ai intérêt à être exacte !
  • Adapter l'itinéraire en cours de parcours
    • Le soir pour les jours suivants, sans ordinateur
    • En cours de parcours, sans interrompre l'enregistrement
      • Contourner une difficulté (une voie express)
      • Changer de destination (le camping est complet)
  • Conserver la trace, l'historiser, y revenir plus tard
  • Synchroniser la trace et les informations "techniques" (vitesse, dénivelé, etc.) vers sa plateforme préférée (Garmin Suunto, Polar, Strava, etc.)
  • Être indépendant de la plateforme (pouvoir changer de marque de montre ou de compteur dans l'avenir sans tout perdre)

Applications, compteurs vélo et cartographies

Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit mot sur la cartographie et les applications.

Applications smartphone ou compteur ?

Le principal avantage d'un bon compteur vélo (avec itinéraire et fond de carte) est bien évidemment son autonomie. Sa faiblesse est l'expérience utilisateur. Créer un itinéraire sur un compteur, le modifier en cours de route, est très difficile. Les écrans sont petits et peu réactifs (lorsqu'ils sont tactiles). Cela évolue chaque année mais trop lentement à mon goût.
Les applications sur smartphone sont bien plus faciles à utiliser mais il est difficile de tenir une journée entière l'écran allumé. Elles sont moins précises, reposant entièrement sur le GPS, là ou un compteur vélo tirera parti de son altimètre barométrique et des capteurs fixés sur le vélo.

Quelle cartographie ?

On peut faire la distinction entre 3 grandes catégories de cartographie :
  • Les cartographies "propriétaires" dérivée du papier (IGN, SwissMap, etc.). Ces cartographies ne sont généralement pas adaptées au voyage vélo (sauf cas spécifiques tel que le VTT hors route). Ces cartes sont en général les plus précises. Les calculs de dénivelé pour un itinéraire seront les plus exacts.
  • Les cartographies "propriétaires" des géants du numérique : Google, Here (ex Nokia), Apple, etc. sont peu utilisées en voyage vélo en dehors des grandes villes. Cela ne tient pas à la qualité des fonds de carte, mais à la richesse fonctionnelle de ces applications dédiées principalement au transport urbain multimodal ou automobile. Ce sont aussi les cartographies qui dispose du plus grand nombre de points d'intérêt ce qui les rend incontournables lorsque l'on cherche un commerce par exemple.
  • Les cartographies "libre" généralement adaptées du projet OpenStreetMap (OSM) en version autoroutière, vélo ou topographique pour la randonnée à pied. Bien que la précision de ces cartes s'améliore de jour en jour (réellement), elle reste parfois aléatoire sur certain routage et sur les dénivelés.
Quid des cartes papier ? J'aime les cartes papier ! J'en ai un stocke pour la randonnée, je les photocopie et les emporte avec moi sur le terrain. Mais c'est impensable de partir sur 800 km avec des copies à une échelle utilisable pour se repérer.

Applications smartphone et cartographies

Dans la majorité des cas, les applications entièrement gratuites ne disposent que des fonds de carte OSM (sans amélioration)
L'utilisation d'une cartographie "propriétaire" ou adaptée de OSM nécessite généralement un abonnement.
A titre d'exemple, l'application Iphigénie proposent une cartographie propriétaire de rendu papier (IGN en France).
Komoot dispose de sa propre cartographie adaptée de OSM.

Outdooractive propose les deux types de cartographie.
Komoot et Outdooactive disposent des couches spécifiques aux types de sport : chemins de randonnée, chemins VTT, véloroutes, etc. Ces couches sont routables et utilisées lors du calcul d'itinéraire.

Compteurs vélo et cartographies

Les compteurs vélo sont généralement fournis avec une cartographie.
Un compteur vélo Garmin est vendu avec la Cycle Map. C'est en fait une cartographie adaptée du projet OSM aux écrans de compteurs et montres de la marque. Pour le VTT ou la randonnée à pied, Garmin propose à la vente une carte Topographique qui utilise les données IGN (mais qui est toujours adaptée aux écrans).
Certains compteurs acceptent des cartographies tierces telles qu'OSM.
Dans le cas du Garmin, il est possible de télécharger des fonds de carte routable spécifique vélo, randonnée, etc. sur BBBike.

Mon choix personnel

Les cartographies de type IGN, SwissMap, etc. sont utiles à pied. Fini les règles GPS, d'un coup d'œil sur le smartphone, on se repère sur la carte papier. Ces cartes ne sont pas illisibles pour suivre l'itinéraire d'un voyage à vélo.
Les applications du type de Google Maps n’offrent pas un service adaptées aux itinéraires vélos hors agglomération. Elles restent incontournables lorsque l’on recherche un tabac ouvert.

Sur mon smartphone, à vélo comme en randonnées, j'utilise les cartes Komoot (adaptées de OSM). Celles de Outdooractive sont également très bien faites, mais j'ai choisi l'abonnement Komoot.
J'utilise un compteur Garmin Edge 830 avec la cartographie fournie Cycle Map. Bizarrement, cette cartographie utilise les véloroutes dans le calcul d'itinéraire sans les représenter graphiquement.
J'ai donc cessé d'installer des cartes adaptées de OSM. Je fait confiance aveuglément au compteur ou je vérifie que je suis bien sur une véloroute sur Komoot.
Deux remarques à prendre en compte lorsque l'on planifie (ou suit) un itinéraire
  • Les dénivelés sur Garmin semble toujours bien meilleur que ceux des applications n'utilisant que des fonds OSM (Kommot, Outdooractive, etc.)
  • Toutes les cartographies ont leurs problèmes de routage
    • Un barrage que l'on peut emprunter mais qui n'est pas routable sur la carte impliquera un détour,
    • Komoot ou Outdooractive empruntent les tunnels mais comptent le dénivelé (en annonçant des pentes à 24 ou 30% !)

Ne pas oublier de lire les panneaux

Ce n'est pas parce que l'on a un GPS qu'il ne faut pas faire confiance aux panneaux. La signalisation des véloroutes progresse chaque année. Ils ne font pas que parti du paysage.
Eviter de suivre les panneaux bleus en France, les verts en Italie, sous peine de prendre l'autoroute.

Préparer l'itinéraire avant le départ

Avant le départ

Avant de partir, je prépare globalement l'itinéraire et le prédécoupe en plusieurs jours.
  • Je trace grossièrement une route dans Komoot (version premium avec la carte vélo)
  • Je repère les points d'intérêt (lieux à visiter, campings, etc.) dans Google MyMaps et adapte la route Komoot
  • Je prédécoupe grossièrement en jours en fonction de la distance, du dénivelé et des campings. Komoot vous guide dans cette découpe et crée une collection de jours. On peut modifier à postériori le nombre de jours. Seul bémol, le service découpe uniquement sur la distance sans prendre en compte le dénivelé. Mais là je chipote.
  • J'exporte les traces Komoot dans Garmin Connect pour vérifier les dénivelés et difficultés (souvent supérieur à la réalité)

Le soir précédent

Le soir précédent, je prépare la trace du lendemain.
  • Je mets à jour notre position dans Komoot pour recalculer l'itinéraire du jour suivant
  • J'exporte le GPX dans Garmin Connect pour vérifier
  • Je trace une route avec les points d'intérêt les plus importants dans Garmin Connect pour l'exporter vers le compteur (par expérience je sais qu'elle différera peu de celle de Komoot)
Pourquoi ne pas importer la route de Komoot vers le compteur ? Parce que la trace GPX Komoot va comporter beaucoup trop de point de passage. A la première incartade, le logiciel de navigation du compteur devient caractériel et ne cesse d'exiger de faire demi-tour. Pour que le compteur recalcule sereinement une route, il faut lui laisser l'espace pour le faire, lui donner moins de point de passage.

En cours de route

Le compteur me guide pendant la journée. C'est également lui qui enregistre la trace avec précision. Je vérifie plus ou moins régulièrement sur Komoot si on s'écarte de la route. Je regarde Google Maps pour identifier ce qui est autour de moi. Mais globalement mon smartphone me sert à prendre des photos.
En arrivant, la trace du compteur est synchronisée sur les plateforme Garmin et Komoot (ou Strava, etc.). J'ajoute les photos de la journée sur Komoot et partage à ma famille et mes amis ma position.

Changements en cours de route

On s'est surestimé ? On s'est sous-estimé ? Le camping n'a plus de place ? Le pont n'existe pas encore ? (si si croyez moi ça arrive !). On change la destination.
Sur Komoot c'est facile, intuitif et rapide.
Sur le compteur, cela se complique. Mon Garmin Edge n'accepte pas de synchroniser une nouvelle trace en cours d'enregistrement. Il faut arrêter le guidage en cours (sans arrêter la trace) et utiliser l'interface du compteur pour fixer une nouvelle destination. Tant que l'on dispose d'une adresse précise, c'est facile. Laborieux mais facile. Si on doit choisir un point sur la carte ... Bonne chance ! Il est peut-être plus intéressant de se laisser guider par Komoot.

Rester indépendant de la plateforme

Entre les différentes activités, j'ai des traces qui proviennent de différentes plateformes pas forcément interconnectées entre elles. Il se peut que pour le prochain voyage, j'essaie un autre fabricant de compteur. J'ai longtemps préféré Suunto puis Polar avant de passer chez Garmin.
Il est toujours souhaitable de synchroniser ses traces sur une plateforme indépendante des marques de matériel comme Strava ou Training Peaks en version gratuite (même si on n'utilise pas leurs fonctionnalités).
Pour certains services, il peut être nécessaire d'utiliser une application supplémentaire telle que RunGap (pour IOS). Il en existe pour Android. Ces applications permettent de synchroniser vos traces avec des plateformes qui ne sont pas automatiquement connectées entre elles (envoyer une trace Garmin vers Polar ou Suunto pour changer de plateforme sans perdre l'historique).

Jamais content : que me manque-t-il pour n'utiliser que le compteur ?

Le compteur offre plus de fonctionnalité et est plus précis. Ces deux cruels défauts sont sa taille et son interface.
Je ne doute pas qu'une marque proposera dans les mois ou années à venir un compteur vélo avec un écran aussi grand et réactif que celui d'un smartphone (sans dégrader l'autonomie), avec une cartographie convaincante. Pour l'heure, il ne manque au compteur Edge que la possibilité de charger une nouvelle trace de l'application mobile sans arrêter l'enregistrement. Cela est possible sur une montre Fenix de la même marque "enregistrant pour reprendre plus tard" une activité.

Les alternatives

  • Outdooractive (version premium) est une bonne alternative à Komoot. Il remplace le regretté ViewRanger. Il se base sur la cartographie OSM ou IGN. Son service de planification d'itinéraire vélo est même souvent supérieur pour suivre au virage près les véloroutes. La navigation est très bien faite. Son utilisation est un peu plus complexe et vous ne serez pas guidé dans le découpage par jour.
  • Suunto (application mobile uniquement) propose un service d'itinéraire particulièrement bien fait. Il se base à la fois sur les cartes de chaleur des utilisateurs de la plateforme et les cartes OSM. Attention aux dénivelés en terrain vallonnés.
  • Naviki propose un service d'itinéraire assez bien fait mais qui n'apporte globalement rien à la concurrence
  • BRouter est le service gratuit basé sur OSM pour planifier son itinéraire au travers des véloroutes. Celui que j'utiliserais certainement si je n'avais pas souscris un abonnement à Komoot.
  • Strava dispose d'un service d'itinéraire qui est certainement utilisable pour une petite virée, mais franchement : tracer la route avec le doigt tient plus du dessin de jardin d'enfant. Fausse bonne idée marketing.
  • La fonctionnalité "parcours" de Garmin Connect (mobile) fonctionne très bien pour tracer un itinéraire à la journée, mais peine à calculer 800 km
  • Garmin BaseCamp est un fantastique logiciel, très riche en fonctionnalité, très lourd à utiliser. Il s'installe sur PC ou MAC et je ne l'emporte pas en voyage. Il reste cependant très pratique planifier son voyage, stocker et organiser ses traces, les fusionner, les réduire, etc. BaseCamp ne dispose pas de cartographie par défaut, vous devez connecter votre montre ou compteur Garmin pour bénéficier de la cartographie. Vous pouvez également acheter une cartographie ou en télécharger une gratuitement basée sur OSM

Les applications non testées

Je n'ai pas testé toutes les applications. Certaines correspondront peut-être à vos attentes, notamment :